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 Lestre à Ménécée - Épicure

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MessageSujet: Lestre à Ménécée - Épicure    Lestre à Ménécée - Épicure  EmptyMar 12 Juil - 12:16

Philippe de Plantagenêt avait en sa possession depuys tout jeune plusieurs escripts antiques. Il prit l'initiative de faire l'achat de plusieurs livres reliés avec une couverture de cuir d'Afrique du Nord afin de copier dans un magnifique gothique textura de Paris les quelques escripts qu'il pouvait ajouter dans la Bibliothèque du Domaine familial :

Lestre à Ménécée - Épicure  1890

Citation :
Lestre à Ménécée
Par Ἐπίκουρος de Samos

Ἐπίκουρος Μενοικεῖ χαίρειν.


Quand on est jeune il ne faut pas
remettre à philosopher, et quand on est vieux il ne faut pas se
lasser de philosopher. Car jamais il n’est trop tôt ou trop tard
pour travailler à la santé de l’âme. Or celui qui dit que
l’heure de philosopher n’est pas encore arrivée ou est passée
pour lui, ressemble à un homme qui dirait que l’heure d’être
heureux n’est pas encore venue pour lui ou qu’elle n’est plus.
Le jeune homme et le vieillard doivent donc philosopher l’un et
l’autre, celui-ci pour rajeunir au contact du bien, en se
remémorant les jours agréables du passé ; celui-là afin d’être,
quoique jeune, tranquille comme un ancien en face de l’avenir. Par
conséquent il faut méditer sur les causes qui peuvent produire le
bonheur puisque, lorsqu’il est à nous, nous avons tout, et que,
quand il nous manque, nous faisons tout pour l’avoir.




Attache-toi donc aux enseignements que
je n’ai cessé de te donner et que je vais te répéter ; mets-les
en pratique et médite-les, convaincu que ce sont là les principes
nécessaires pour bien vivre. Commence par te persuader qu’un dieu
est un vivant immortel et bienheureux, te conformant en cela à la
notion commune qui en est tracée en nous. N’attribue jamais à un
dieu rien qui soit en opposition avec l’immortalité ni en
désaccord avec la béatitude ; mais regarde-le toujours comme
possédant tout ce que tu trouveras capable d’assurer son
immortalité et sa béatitude. Car les dieux existent, attendu que la
connaissance qu’on en a est évidente.




Mais, quant à leur nature, ils ne sont
pas tels que la foule le croit. Et l’impie n’est pas celui qui
rejette les dieux de la foule : c’est celui qui attribue aux dieux
ce que leur prêtent les opinions de la foule. Car les affirmations
de la foule sur les dieux ne sont pas des prénotions, mais bien des
présomptions fausses. Et ces présomptions fausses font que les
dieux sont censés être pour les méchants la source des plus grands
maux comme, d’autre part, pour les bons la source des plus grands
biens. Mais la multitude, incapable de se déprendre de ce qui est
chez elle et à ses yeux le propre de la vertu, n’accepte que des
dieux conformes à cet idéal et regarde comme absurde tout ce qui
s’en écarte.




Prends l’habitude de penser que la
mort n’est rien pour nous. Car tout bien et tout mal résident dans
la sensation : or la mort est privation de toute sensibilité. Par
conséquent, la connaissance de cette vérité que la mort n’est
rien pour nous, nous rend capables de jouir de cette vie mortelle,
non pas en y ajoutant la perspective d’une durée infinie, mais en
nous enlevant le désir de l’immortalité. Car il ne reste plus
rien à redouter dans la vie, pour qui a vraiment compris que hors de
la vie il n’y a rien de redoutable. On prononce donc de vaines
paroles quand on soutient que la mort est à craindre, non pas parce
qu’elle sera douloureuse étant réalisée, mais parce qu’il est
douloureux de l’attendre. Ce serait en effet une crainte vaine et
sans objet que celle qui serait produite par l’attente d’une
chose qui ne cause aucun trouble par sa présence.


Ainsi celui de tous les maux qui
nous donne le plus d’horreur, la mort, n’est rien pour nous,
puisque, tant que nous existons nous-mêmes, la mort n’est pas, et
que, quand la mort existe, nous ne sommes plus. Donc la mort n’existe
ni pour les vivants ni pour les morts, puisqu’elle n’a rien à
faire avec les premiers, et que les seconds ne sont plus. Mais la
multitude tantôt fuit la mort comme le pire des maux, tantôt
l’appelle comme le terme des maux de la vie. Le sage, au contraire,
ne fait pas fi de la vie et il n’a pas peur non plus de ne plus
vivre : car la vie ne lui est pas à charge, et il n’estime pas non
plus qu’il y ait le moindre mal à ne plus vivre. De même que ce
n’est pas toujours la nourriture la plus abondante que nous
préférons, mais parfois la plus agréable, pareillement ce n’est
pas toujours la plus longue durée qu’on veut recueillir, mais la
plus agréable. Quant à ceux qui conseillent aux jeunes gens de
bien vivre et aux vieillards de bien finir, leur conseil est dépourvu
de sens, non seulement parce que la vie a du bon même pour le
vieillard, mais parce que le soin de bien vivre et celui de bien
mourir ne font qu’un. On fait pis encore quand on dit
qu’il
est bien de ne pas naître, ou, « une fois né, de franchir au plus
vite les portes de l’Hadès ». Car si l’homme qui tient ce
langage est convaincu, comment ne sort-il pas de la vie ? C’est là
en effet une chose qui est toujours à sa portée, s’il veut sa
mort d’une volonté ferme. Que si cet homme plaisante, il montre de
la légèreté en un sujet qui n’en comporte pas. Rappelle-toi que
l’avenir n’est ni à nous ni pourtant tout à fait hors de nos
prises, de telle sorte que nous ne devons ni compter sur lui comme
s’il devait sûrement arriver, ni nous interdire toute espérance,
comme s’il était sûr qu’il dût ne pas être.


Il faut se rendre compte que parmi
nos désirs les uns sont naturels, les autres vains, et que, parmi
les désirs naturels, les uns sont nécessaires et les autres
naturels seulement. Parmi les désirs nécessaires, les uns sont
nécessaires pour le bonheur, les autres pour la tranquillité du
corps, les autres pour la vie même. Et en effet une théorie non
erronée des désirs doit rapporter tout choix et toute aversion à
la santé du corps et à l’ataraxie de l’âme, puisque c’est là
la perfection même de la vie heureuse. Car nous faisons tout afin
d’éviter la douleur physique et le trouble de l’âme. Lorsqu’une
fois nous y avons réussi, toute l’agitation de l’âme tombe,
l’être vivant n’ayant plus à s’acheminer vers quelque chose
qui lui manque, ni à chercher autre chose pour parfaire le bien-être
de l’âme et celui du corps. Nous n’avons en effet besoin du
plaisir que quand, par suite de son absence, nous éprouvons de la
douleur ; et quand nous n’éprouvons pas de douleur nous n’avons
plus besoin du plaisir. C’est pourquoi nous disons que le plaisir
est le commencement et la fin de la vie heureuse. En effet, d’une
part, le plaisir est reconnu par nous comme le bien primitif et
conforme à notre nature, et c’est de lui que nous partons pour
déterminer ce qu’il faut choisir et ce qu’il faut éviter ;
d’autre part, c’est toujours à lui que nous aboutissons, puisque
ce sont nos affections qui nous servent de règle pour mesurer et
apprécier tout bien quelconque si complexe qu’il soit. Mais,
précisément parce que le plaisir est le bien primitif et conforme à
notre nature, nous ne recherchons pas tout plaisir, et il y a des cas
où nous passons par-dessus beaucoup de plaisirs, savoir lorsqu’ils
doivent avoir pour suite des peines qui les surpassent ; et, d’autre
part, il y a des
douleurs que nous estimons valoir mieux que des
plaisirs, savoir lorsque, après avoir longtemps supporté les
douleurs, il doit résulter de là pour nous un plaisir qui les
surpasse. Tout plaisir, pris en
lui-même et dans sa nature
propre, est donc un bien, et cependant tout plaisir n’est pas à
rechercher ; pareillement, toute douleur est un mal, et pourtant
toute douleur ne doit pas être évitée. En tout cas,
chaque
plaisir et chaque douleur doivent être appréciés par une
comparaison des avantages et des inconvénients à attendre. Car le
plaisir est toujours le bien, et la douleur le mal ; seulement il y a

des cas où nous traitons le bien comme un mal, et le mal, à son
tour, comme un bien. C’est un grand bien à notre avis que de se
suffire à soi-même, non qu’il faille toujours vivre de peu, mais
afin que si l’abondance nous manque, nous sachions nous contenter
du peu que nous aurons, bien persuadés que ceux-là jouissent le
plus vivement de l’opulence qui ont le moins besoin d’elle, et
que tout ce qui est naturel est aisé à se procurer, tandis que ce
qui ne répond pas à un désir naturel est malaisé à se procurer.
En effet, des mets simples donnent un plaisir égal à celui d’un
régime somptueux si toute la douleur causée par le besoin est
supprimée, et, d’autre part, du pain d’orge et de l’eau
procurent le plus vif plaisir à celui qui les porte à sa bouche
après en avoir senti la privation. L’habitude d’une nourriture
simple et non pas celle d’une nourriture luxueuse, convient donc
pour donner la pleine santé, pour laisser à l’homme toute liberté
de se consacrer aux devoirs nécessaires de la vie, pour nous
disposer à mieux goûter les repas luxueux, lorsque nous les faisons
après des intervalles de vie frugale, enfin pour nous mettre en état
de ne pas craindre la mauvaise fortune. Quand donc nous disons que le
plaisir est le but de la vie, nous ne parlons pas des plaisirs des
voluptueux inquiets, ni de ceux qui consistent dans les jouissances
déréglées, ainsi que l’écrivent des gens qui ignorent notre
doctrine, ou qui la combattent et la prennent dans un mauvais sens.
Le plaisir dont nous parlons est celui qui consiste, pour le corps, à
ne pas souffrir et, pour l’âme, à être sans trouble. Car ce
n’est pas une suite ininterrompue de jours passés à boire et à
manger, ce n’est pas la jouissance des jeunes garçons et des
femmes, ce n’est pas la saveur des poissons et des autres mets que
porte une table somptueuse, ce n’est pas tout cela qui engendre la
vie heureuse, mais c’est le raisonnement vigilant, capable de
trouver en toute circonstance les motifs de ce qu’il faut choisir
et de ce qu’il faut éviter, et de rejeter les vaines opinions d’où
provient le plus grand trouble des âmes. Or, le principe de tout
cela et par conséquent le plus grand des biens, c’est la prudence.
Il faut donc la mettre au-dessus de la philosophie même, puisqu’elle
est faite pour être la source de toutes les vertus, en nous
enseignant qu’il n’y a pas moyen de vivre agréablement si l’on
ne vit pas avec prudence, honnêteté et justice, et qu’il est
impossible de vivre avec prudence, honnêteté et justice si l’on
ne vit pas agréablement. Les vertus en effet, ne sont que des suites
naturelles et nécessaires de la vie agréable et, à son tour, la
vie agréable ne saurait se réaliser en elle-même et à part des
vertus.


Et maintenant y a-t-il quelqu’un
que tu mettes au-dessus du sage ? Il s’est fait sur les dieux des
opinions pieuses ; il est constamment sans crainte en face de la mort
; il a su comprendre quel est le but de la nature ; il s’est rendu
compte que ce souverain bien est facile à atteindre et à réaliser
dans son intégrité, qu’en revanche le mal le plus extrême est
étroitement limité quant à la durée ou quant à l’intensité ;
il se moque du destin, dont certains font le maître absolu des
choses. Il dit d’ailleurs que, parmi les événements, les uns
relèvent de la nécessité, d’autres de la fortune, les autres
enfin de notre propre pouvoir, attendu que la nécessité n’est pas
susceptible qu’on lui impute une responsabilité, que la fortune
est quelque chose d’instable, tandis que notre pouvoir propre,
soustrait à toute domination étrangère, est proprement ce à quoi
s’adressent le blâme et son contraire. Et certes mieux vaudrait
s’incliner devant toutes les opinions mythiques sur les dieux que
de se faire les esclaves du destin des physiciens, car la mythologie
nous promet que les dieux se laisseront fléchir par les honneurs qui
leur seront rendus, tandis que le destin, dans son cours nécessaire,
est inflexible ; il n’admet pas, avec la foule, que la fortune soit
une divinité – car un dieu ne fait jamais d’actes sans règles
–, ni qu’elle soit une cause inefficace : il ne croit pas, en
effet, que la fortune distribue aux hommes le bien et le mal,
suffisant ainsi à faire leur bonheur et leur malheur, il croit

seulement qu’elle leur fournit l’occasion et les éléments
de grands biens et de grands maux ; enfin il pense qu’il vaut mieux
échouer par mauvaise fortune, après avoir bien raisonné, que
réussir par
heureuse fortune, après avoir mal raisonné – ce
qui peut nous arriver de plus heureux dans nos actions étant
d’obtenir le succès par le concours de la fortune lorsque nous
avons agi en vertu de jugements sains.


Médite donc tous ces enseignements
et tous ceux qui s’y rattachent, médite-les jour et nuit, à part
toi et aussi en commun avec ton semblable. Si tu le fais, jamais tu
n’éprouveras le moindre trouble en songe ou éveillé, et tu
vivras comme un dieu parmi les hommes. Car un homme qui vit au milieu
de biens impérissables ne ressemble en rien à un être mortel.





Ainsy se terminent ceste lestre de l’Épicurien.
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