Déambulant dans le château, Sindbad tomba en arrêt devant la bibliothèque.
Dans ce meuble en merisier aux gravures d'une finesse rarement égalée se dressait plusieurs centaines d'ouvrages. L'odeur du papier semblait imprégner toute la pièce, comme un appel à la lecture. Sindbad détailla donc la bibliographie de la famille Cognac.
la "Légende dorée" de Jacques de Voragine retint tout d'abord l'attention du constantinopolitain. Cet ouvrage relatait, tout en suivant le calendrier liturgique, la vie de 180 saints, et certains épisodes de la Vie de Christos. Sindbad fut d'abord surpris par la présence de cet ouvrage chez Phénix. Il se souvint ensuite que celui ci avait fréquenté l'ordre mené par le Grand Maître Pako de Bellcastell.
Le "Roman de Renart" de Pierre de Saint Cloud l'amusa, tant par sa rédaction alerte que par les facéties du goupil, dont la roublardise n'avait d'égal que la balourdise d'Ysengrin. Mais derrière ce roman léger, on retrouvait l'influence du fabuliste Esope ou celle du panchatantra de Vishnusharman dont lui avait parlé Ashwarya, l'ambassadrice de Vijâyanagara.
Mais le clou de cette bibliothèque, celle qui laissa Sindbad sans voix fut sans conteste cette version originale de "Διγενής Ακρίτας (Digenếs Akrítas). Des images firent alors irruption dans son esprit : un homme aux cheveux noirs comme le jais, portant barbe fort fournie, et qui lisait d'une voix grave et profonde les aventures de ce personnage mythique dans le Basileion Romaion, un homme à la stature imposante luttant contre des animaux, des créatures fantastiques ou des amazones...